La fête, château d’enfance
En 2016, Line Papin publie chez Stock L’Eveil, méditation sensuelle sur le polyamour dans les rues d’Hanoï et décroche à 19 ans le prix de la vocation. Deux ans plus tard, l’écrivaine passée par une hypokhâgne à Fénelon et des études d’histoire de l’art récidive avec un roman qui fleure bon la nuit, les fêtes clandestines et la fête non bornée, dans un Berlin abstrait et “nuageux” qu’elle met à distance par l’exercice littéraire.
A Berlin, une mince bande de jeunes gens un peu paumés investissent une ruine pour en faire “Le Palais du Rire et de la Joie” qui deviendra l’épicentre de la nuit berlinoise, lieu d’imaginaire et de fantaisie, de travestissement et de performance, un petit bout d’utopie à cheval sur l’absurde et la fête triste à force d’être mécanique. Line Papin chronique avec Toni les splendeurs et misères d’un club – qui partage volontiers certains traits avec le Sisyphos – de l’underground au mainstream, la lassitude des équipes et la déliquescence du fantasme. Mais le roman est avant tout un livre sur la jeunesse et l’enfance et se lit comme un roman initiatique à la suite de Toni, éternel adolescent, rêveur et spontané, à l’esprit toujours ancré dans ses mondes d’enfance qu’il retrouve, par bribes, dans la nuit.
Fêtarde curieuse que l’on peut croiser à Berlin au Berghain, au Club der Visionare ou à Paris au 6b, à La Station – Gare des Mines ou encore au Wonder, Line Papin conte la fête “comme un lieu” et s’inspire d’Anton, un danseur croisé en festival en Croatie dont les chorégraphies impossibles ont suscité les mots.
En ce mois d’avril, Line Papin sort son troisième roman avec Les Os des Filles, introspection familiale et retours aux racines ; l’occasion d’écouter le podcast de l’émission enregistrée sur Station Station à propos de l’Eveil.