C’est le bronzage teinté d’éclaircies, le ventre bedonnant et les bonnes résolutions prêtent à prendre le relai sur les excès de l’été que nos cerveaux pleins de vivacité ont été à l’abordage du Long Winter Paris.
Projet initié par le Collectif MU et le festival Long Winter, ces deux jours de rencontres et d’échanges autour des scènes musicales de Toronto et Paris ont permis d’accueillir des artistes canadiens rares ou inédits en France ainsi qu’une ribambelle d’invités franciliens triés sur le volet. Une programmation à la hauteur de l’éclectisme artistique des deux villes.
Du côté français, l’énergie biberonné à la Lager des hautement recommandable Buddy Records, le dj set autoroute du soleil des tauliers d’Atelier Ciseaux, le shoegaze maison du patron Jessica 93, la afro-house bodybuildée de Sylvère ou le digging éclairé de DJ Sundae ont clairement fait le show. Ils ont su, à leur manière, bomber le torse avec la frénésie généreuse et communicative d’un coq français décidément bien en jambe en cette rentrée 2019 (demi-finale au basket, un parcours prometteur au Rugby, une qualif pour l’Euro, que demander de plus ?).
Côté Canadien, les expérimentations prenant racine dans le breakbeat de Phèdre, la poésie enivrante de Matthew Progress, les coups de blues amoureux teinté d’indus de Joel Eel ou l’énergie éclatante d’une Myst Milano retournant avec maestria un mini-club aux aboies ont été les fers de lance de deux jours riches en découvertes lumineuses.
Aussi, on ne peut que penser à l’incroyable show de Haviah Mighty, symbole presque à elle toute seule de la force artistique, communautaire et sans complexe d’une ville comme Toronto. Artiste pas encore tout à fait accomplie mais déjà au-dessus de toute complaisance, elle a livré une intense bataille digne d’un Barça-Inter 2010 pour réchauffer un public déjà tremblotant face aux premiers signes de l’automne. Après tout, c’était l’été indien, une saison qui n’existe que dans le nord de l’Amérique.
En filigrane de ses assauts soniques et de cette bonne humeur à faire passer un film de Bela Tarr pour une comédie des Marx Brothers, les tables rondes et discussions autour de Toronto et Paris à la Gaité Lyrique ont donné de l’épaisseur et de nouvelles perspectives sur les questions des scènes DIY ou des connexions esthétiques et politiques entre les deux villes. L’expression « j’apprends en m’amusant » n’a jamais été autant de circonstance.
Mais laissons les mots au vestiaire et cap sur les interviews de Haviah Mighty et Doomsquad ainsi qu’une table ronde autour des enjeux de la scène musicale de Toronto animé par nos soins.