Vittoria Assembri est résident.e chez Station Station et productrice de l’émission Wunderscorpion, diffusée tous les mois le mercredi à 17h. Ielle prône la pluralité, la pratique de la joie et de la cohabitation, stratifiée d’un monde magique. À l’intérieur, la vie se réinvente sans cesse à travers le prisme de l’imaginaire, dans lequel il est permis de changer, de se transformer, de devenir autre que soi. C’est un univers libre plein de possibilités infinies.
En 2021, Vittoria Assembri devient résident.e chez Station Station radio. Artiste pluridisciplinaire, ielle pratique le field recording depuis une dizaine d’années. Cela lui permet de constituer une archive fertile de paysages sonores : enregistrements urbains et non-urbains, répertoires vocaux et poèmes, en rapport étroit avec l’espace architectural et ses croisements humains et non-humains. Véritable investigation poético-urbaine, le travail de Vittoria génère de nouveaux écosystèmes affectifs et occultes, des utopies réécrites à partir d’alphabets mythopoiétiques.

Vittoria a étudié l’architecture à Rome. Très vite, ielle considère le son comme matière pulsante sur laquelle investiguer, en lien avec l’urbanisme. Le social se retrouve au cœur de cette fouille archéologique. En effet, Vittoria enquête sur les lieux marginaux et se concentre sur le rapport entre les corps, les espaces, et leur co-habitation.
Au cours d’une résidence à Berlin, capitale qui compte maint tiers-lieux en suspension, Vittoria et la poétesse et performer Gaia Ginevra Giorgi conçoivent une expérimentation de politique radicale au sein d’une clairière entourée d’une industrie électrique, une gare de trains et l’ex-radio de la RDA.
Ce projet entend nous faire réfléchir sur le thème du défrichement urbain, de l’espace négatif, du liminal, du provisoire, du résidu. Celui-ci implique des pratiques décolonisantes et anticapitalistes, pratiques participatives ouvertes à tous.tes les habitant.e.s du quartier, conçues pour réécrire ensemble l’espace vide. Ainsi, les œuvres de Vittoria naissent toujours d’une urgence, d’une affectivité et d’une expérience vécue.
WUNDERSCORPION, une véritable stratification magique

Le premier épisode de WUNDERSCORPION est diffusé sur nos ondes le 17 novembre 2021. Vittoria décrit ce projet comme “une expérimentation sonore et affective et le résultat de projets site-specific réalisés autour de pratiques de co-habitation, urbaines et non-urbaines, humaines et non-humaines, stratifié de narrations magiques et d’une contamination queer”. Magique, car Vittoria constitue une véritable “archive fantastique” grâce à son affection particulière pour les lieux qu’elle explore.
Afin de bâtir une architecture à partir de tous ces sons, ielle explique percevoir un détachement à cet égard.
En effet, son intention et son propos sont de déconstruire notre perception, porter notre sensibilité ailleurs : se laisser transporter dans l’onirique, loin des paramètres préétablis.
La conception d’un nouveau langage ?

Cet atelier fantastique est une manière pour Vittoria de créer un nouveau langage. Ielle partage couramment ses pratiques, notamment en collaboration avec Gaia Ginevra Giorgi. Ielles se sont rencontré.e.s à Venise et ont, entre autres, exploré la campagne italienne pendant le confinement. Cela leur a permis d’approfondir davantage la notion de tiers-paysage, comme condition non-conventionnelle des lieux investis par des espèces spontanées autres.
De plus, Vittoria signe en 2020 le projet OFFICINA 13 composé d’une collection d’œuvres cathartiques, conçues en vue de sublimer un traumatisme dérivant d’une fracture profonde. Ces réalisations prennent plusieurs formes : collages, installations dans un paysage, herbiers et vidéos, tournées avec une caméra mini-DV. OFFICINA 13 est une réflexion sur ce qui reste, sur la matière malléable de la mémoire et sur la façon de l’utiliser pour générer d’autres formes d’habitabilité.
Un.e artiste pluridisciplinaire

Vittoria emprunte différents moyens d’expression artistique. Ielle prône avant tout la pluralité et la structure rhizomatique, évoluant transversalement : toute chose peut ainsi être repensée, réinventée, transformée.
Dès lors, ielle expérimente la correspondance épistolaire comme pratique active et affective avec pour objectif de créer une relation dialectique entre l’éternel et l’éphémère. Ielle le rend possible grâce à ’’des objets volants qui empruntent des voies un peu désuètes, mais si vives”. Vittoria crée des recueils occultes d’objets trouvés qu’ielle collecte et rhabille de tendresse et de symboles autres, comme une feuille de plante grasse ou encore un petit caillou. Ses correspondances sont aussi sonores, comme exercice de proximité avec autrui, en recréant des terres fertiles sans limites géographiques, des espaces ouverts entre les choses : des espaces d’où apparaît le bruit de notre temps, qui est ici assimilé et perçu comme résistance dynamique en expansion.
Pour ielle, nous sommes une humanité en transition, à la recherche d’espaces pour inventer et repenser. C’est pourquoi Vittoria essaie de faire de l’exception une pratique : pour exercer la politique de la joie, inventer de nouveaux mots et construire de nouveaux récits du présent.
Retrouvez l’émission WUNDERSCORPION tous les mois sur www.stationstation.fr ainsi que les oeuvres de Vittoria sur ses différentes plateformes :
Station station radio: http://stationstation.fr/wunderscorpion/
Site internet: www.vittoriaassembri.com
Fango radio: https://www.fangoradio.com/shows/158
Soundcloud: Vittoria Assembri
Instagram: @8vittoria8
Écrit par Alice Tixier