Perte de contrôle, bières belges, franche camaraderie et gorges serrées, Station Station était au plus proche de l’action lors du festival Ideal Trouble : discussions avec Etienne Blanchot, Bernardino Femminielli, Fiesta En El Vacio, Scorpion Violente…
C’est en cette fin de mois de mai, déjà fatigués par les nombreuses fêtes qui annoncent le début de la période estivale et par notre fâcheuse tendance à préférer les soirées épiques à celles au coin du feu que nous avons abordé le nouveau menu concocté avec panache par Chef Etienne Blanchot.
On pénètre la plus belle pelouse de bitume de Porte d’Aubervilliers sans connaître 80% des groupes programmés. On en ressort avec l’envie de tous les ranger dans un coin de notre armoire à souvenirs, loin des poussières qui avec le temps en effaceront les plus beaux reliefs. Ainsi va l’audace et le brio du grand meneur de jeu ou du chef étoilé : il n’est jamais là où on l’attend, mais il distribue avec classe et caractère les plus beaux caviars.
On vous laisse donc avec ces sept entretiens entre digressions poétiques, discussion de PMU au fin fond de la Moselle, réflexion philosophique sur la place de l’artiste ou encore parcours de vie sinueux mais lumineux. Ils sont un peu à leur manière les héritiers de ce qui fait le sel de ce très beau festival : de la sincérité, de l’honnêteté et aucun calcul.
Bernardino Femminielli
Spontané, à fleur de peau, la gorge nouée, mais le sourire en coin, Bernardino Femminielli se livre. C’est un long entretien sur l’acte de créer, de jouer et de se regarder jouer, la peur de perdre le contrôle et affronter ses limites sur scène et dans la vie. Une des plus belles rencontres que nos petites bouilles de Tintin en herbe ont pu vivre sur Station Station.
Ideal Trouble x Les Heures Belges
A la bonne franquette mais sans calories superflues, sauces dégoulinantes ou bières lourdes, on aura attaqué ce fabuleux festin par une rencontre avec une poignée d’acteurs culturels essentiels et bienfaiteurs de la capitale des diables rouges. De la mâche, du croquant, de la gourmandise mais surtout un plat qui raconte une belle histoire.
Fiesta En El Vacio
Esquissant discrètement les contours d’une véritable aventure Célinienne passant par Buenos Aires, Bruxelles ou encore Paris; c’est Maté à la main, modulaire sous le bras et texte poignant près du cœur que Fiesta En El Vacio aura imprégnée de son aura discrète mais captivante la plus belle des scènes d’Aubervilliers.
De Ambassade
Le buddy movie le plus kiffant des Pays-Bas depuis la paire Van Bommel / De Jong à La Coupe du Monde 2010 revient jouer dans un stade qu’il connaît par cœur. Les batteries et guitares de Dollkraut ont laissé la place aux boîtes à rythme et synthétiseur. Pourtant, on retrouve toujours cette application dans la composition, l’attirance pour les belles mélodies et un sens aiguisé de la chanson pop à l’enrobage efficace. Les soirées de l’ambassadeur sont réputées pour le bon goût des maîtres de maison, un goût raffiné qui charme toujours les invités.
Prettiest Eyes
Entre vivacité, hâte perpétuelle et franche camaraderie, on est ici face à un groupe aux antipodes d’une désinvolture de pacotille. Des morceaux brillants et osés, une interprétation sans complexe et tête dans le guidon totalement rafraîchissante. On ne sait pas si c’était les plus beaux yeux de la soirée mais certainement les plus inspirés.
Le Matin
Charles Torris habite la plus belle région du monde, se lève à côté du Roazhon Park et se couche au rythme d’une ville festive et généreuse. Pourtant plus que le caractère cotonneux et réconfortant d’un beau matin qui chante, c’est celui d’une nuit berçant dans l’obscurité impénétrable qui se dresse avec frénésie devant nos yeux cernés, mais définitivement subjugués.
Scorpion Violente
Faire une interview de Scorpion Violente c’est la promesse de rentrer dans un maelström d’images évoquant aléatoirement les films italiens de série B, les vhs pornos polonaise vendues sous le manteau sur une aire d’autoroute cradingue, les restos routiers puant l’eau de Cologne cheap, les aisselles pas lavées, les huîtres périmées et le vin blanc bon marché. C’est l’incarnation même de la discussion de comptoir, la seule qui compte. On passe du rire aux larmes, la mélancolie guète, mais soudain une énergie inattendue, une envie d’être une meilleure personne et des rires en forme de feu d’artifice viennent y apporter une lumière réconfortante.
On en repart, exténué, un peu pataud, mais le regard vif, prêt à affronter la dureté des rails et aller au charbon, mélancolique mais conquérant.
Texte & Montage Podcast : Max-Antoine Le Corre
Interview : Max-Antoine Le Corre, Clement Douala Dibouti-Quenum et Valentin Toqué.
Son interview : Marine Sahabi Gomi