Les nuits parisiennes d’Antoine de Baecque, la fête toujours plus loin

La nuit à Paris c’est fini ? Quand la fête regarde au-delà du périph…

Antoine de Baecque est historien, critique de cinéma et de théâtre. Il est surtout l’un de ces exégètes intarissables de l’histoire culturelle de Paris, volontiers encyclopédiste, lorsqu’il s’agit de parler de sa ville et de ses nuits. C’est tout le programme qu’il s’est donné avec Les Nuits Parisiennes paru en 2015 aux Éditions du Seuil, auquel répondra une exposition à la Mairie de Paris avec un focus sur le Paris nocturne des années folles et les non moins folles années Palace.

Dans cette somme d’érudition, Antoine de Baecque nous donne à lire les nuits parisiennes comme un monde à part, traversant les époques et jouant avec le pouvoir un rôle ambivalent et complexe. Instrument de célébration nationale et de contrôle avec Louis XIV et les fêtes de l’Empire, la nuit festive est ensuite étouffée par La Terreur. Elle reprend son envol avec l’arrivée de l’électricité qui sort la nuit des ténèbres et flirte avec tous les types de parisiens et de parisiennes : bohème, noctambule, brigand, courtisa.n.ne, mondain.e, dandy et autres oiseaux de nuit. On tombe sur les pages innombrables de cette littérature nocturne qui traverse tout le XIXème siècle pour échouer enfin sur l’âge d’or de Pigalle, des cabarets, puis des années yéyé au Bus Palladium et celles du new wave au Palace.

Le livre se termine en question : la fête à Paris est-elle finie ? Les dernières années apportent un début de réponse à l’interrogation de l’historien. En petite couronne, de l’autre côté du périphérique, dans des friches, des entrepôts et des garages, de nombreux collectifs se réapproprient des lieux hier encore rebuts urbains pour les faire résonner au rythme d’une nuit retrouvée, née dans les marges et espaces libertaires pour de nombreuses communautés. Alors oui, la nuit existe par-delà le coeur de Paris, mais cela n’est pas sans poser de nombreuses questions que la nuit remet au goût du jour : relations aux voisins, nuisances, gentrification, rôle de ces lieux dans l’évolution de ces petits bouts de ville… Une zone de frottement riche en paradoxes, controverses, contradictions qui se donnent en questions.