Eric Stil est résident chez Station Station depuis son commencement, en 2017. Naviguant entre vinyle et digital, l’un des trois programmateur.ices musique de la Station – Gare des Mines occupe nos ondes stationnaires tous les mois, le mardi à 18h, pour un Stil Takeover où résonnent encore les échos des afters du week-end.
En 2016 commence l’aventure Station – Gare des Mines pour Eric et le Collectif MU dont il fait partie. Ce petit groupe d’ami.e.s n’espère pas autant de succès à son inauguration : 700 personnes, une salle comble, un public fidèle. À quoi est dû ce succès immédiat ? Eric pense que c’est en partie la spontanéité et l’adrénaline de chacun.e qui ont permis de créer une identité unique à la Station.
En effet, programmer des groupes qu’il suit pour les faire découvrir à une majorité de personnes a toujours été une des motivations premières d’Eric. Passionné de musique, de cinéma et de photographie, il souhaite faire vivre la scène alternative depuis son arrivée à Paris dans les années 80, fraîchement diplômé du baccalauréat.
Eric prend immédiatement goût pour la programmation et ne s’arrête pas : il commence avec le Collectif MU en 2004, à raison d’une date minimum par mois dans des salles comme le Cirque Electrique, le Zorba et le Garage MU, ce « débarras » à la Goutte d’Or qui leur a permis de « générer une économie et rémunérer les artistes » et d’établir un point de rendez-vous avec le public. Avec MU, de 2007 à 2011, il devient co-programmateur du festival Filmer la musique, qui prend place entre le Point Ephémère, le MK2 Quai de Seine ou encore le CentQuatre à Paris et présente plus de 80 films à différents publics.

En effet, le but du Collectif MU à travers ce festival est d’unir les publics du cinéma et de la musique rock/garage et de leur permettre de voir un film puis d’assister à un concert dans la même soirée. Eric aime aussi travailler seul, en se produisant trois fois par semaine dans des bars pour des dj sets :
Il y a une période où je me baladais toujours avec mes gros classeurs de disques et de vinyles pour jouer et ça me permettait même de payer mon loyer. Par contre, je ne peux pas jouer pour des lieux que je n’apprécie pas et qui ne partagent pas mes goûts. Je veux jouer la musique que j’aime.
De fil en aiguille, la passion et la spontanéité dont il fait preuve l’amènent à prendre part à la création de la Station – Gare des Mines en 2016 avec le Collectif MU. À ce moment-là, tout est incertain : à quinze jours de l’ouverture, ielles n’avaient pas d’autorisation et vivaient dans la crainte que personne ne les suive dans ce projet. Pourtant, cette inauguration a propulsé la Station puisque 700 personnes ont répondu présentes. Le tiers-lieu a depuis connu des soirées mémorables. Eric se souvient d’ailleurs d’une date qui a été miraculeusement sauvée par un coup de génie :
Entre septembre et octobre 2016, il faisait super froid. On avait programmé Entracte Twist qui n’était pas vraiment un succès à cause du mauvais temps. Quand on pensait que la soirée tombait à l’eau, 300 personnes sont arrivées avec le groupe Faire parce qu’ils venaient de se faire expulser du squat où ils jouaient. Ils ont sauvé la soirée en ramenant avec eux un groupe de garage punk mexicain complètement fou !
Tout ceci, sans autorisation de nuit bien sûr. C’est précisément cette incertitude qui le fait vibrer. Elle rend les événements plus excitants, plus naturels, plus empreints de passion.
Aujourd’hui, Eric trouve qu’il est plus difficile de rester aussi léger qu’à l’époque. Il explique cela à cause des logiques autour de la taille du lieu dont il faut rentabiliser les quelques 3 000 m2. C’est pour cela qu’ielles ont créé les Anticlubs de la Station, auxquels Eric tient beaucoup. Ces soirées se définissent par “la volonté de brasser les formats et de mélanger les genres jusqu’au petit matin” et permettent ainsi de cultiver l’état d’esprit fondateur du lieu avec des artistes qui proposent des genres musicaux différents, à l’image d’Ellah A. Thaun et Arnaud Rivière.

Ainsi, le métier de programmateur ne le lasse pas. Eric aime découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles énergies, créer des liens nouveaux : « j’y trouve complètement mon compte, surtout que je suis passionné de concerts, alors c’est idéal ! ». Il a la possibilité de faire jouer ses ami.e.s, de soutenir les labels qui ont toujours soutenu le lieu, comme Born Bad Records ou Teenage Menopause Records.
Pour ce qui est des dj sets, s’il se produit moins en live depuis quelques années, il continue de composer des mixtapes chaque mois sur Station Station, le mardi à 18h dans le cadre de son Stil Takeover. En B2B avec Nico Pap’s -ils aiment d’ailleurs se faire appeler le “Pap’s Club”- ou en solo, Eric oscille entre vinyle et digital. Ses styles de prédilection sont le rock, le garage, le post-punk et la synth-wave. Son dernier épisode propose par exemple des morceaux de Ruth, Allah-Las et The Cramps.
Vous pouvez retrouver le Stil Takeover une fois par mois, le mardi à 18h sur Station Station.
Ecrit par Alice Tixier
Crédit Photo : Max-Antoine Le Corre