La musique a ceci d’unique qu’elle fédère des groupes et des scènes, et relie des bastions un temps donné sous les augures de communions joyeuses, mettant à bas les logiques de comparaison et d’étiquetage.
Clubs, entrepôts, friches, gares désaffectées… la nuit s’adosse à des espaces dont les imaginaires, les anecdotes et les histoires – frisant parfois le poncif – deviennent les lieux communs pour les personnes qui chaque week-end les joignent.
Chaque week-end a sa nuit, dans laquelle des alternatives de sociétés naissent, prennent forme, disparaissent et se reconfigurent selon une logique qui n’est déjà plus celle du jour. Hédonisme, abandon, célébration de la liberté des corps, d’une libre sexualité et d’un genre vécu sur un mode non contraint… la nuit permet, parfois, à des minorités d’exister comme elles l’entendent, au moins jusqu’à l’aube.
En trois années d’existence, la Station s’est inventé sa safe zone – un espace libertaire et pacifié – au contact de collectifs tels que Berlinons Paris, Polychrome ou Comme Nous Brûlons, dont les réflexions et revendications féministes et queer résonnent en ses murs et se prolongent sur l’antenne de la radio et trouvent à présent un écho dans les pages de Station Station.
Cette édition #1 cherche à faire la radiographie de la nuit en tant qu’agrégat de communautés, en décryptant ses enjeux comme autant de sociétés alternatives, utopiques et précaires, évanescentes mais fertiles en prémices de futurs possibles.
Autant d’énergies, de motifs et de postures abordés par Jean-Yves Leloup, commissaire de l’exposition “Electro” à la Philharmonie, analysés avec le sociologue Lionel Pourtau ou encore évoqués dans les lignes du roman Toni de Line Papin. En somme, en avril, on se demande avec vous ce que nous sommes, quels communs nous inventons ensemble dans ces nuits pour dessiner le jour venu de communautés étendues…
- Sommaire Édition 1
Les communautés techno de Jean-Yves Leloup
Julien Bécourt à la recherche de l’entente cordiale
Pour une sociologie de la techno : transe, rencontres exaltées et appartenance au collectif
BrutPop, musique brute et trafic sonore
Dérive dans les interstices du Grand Paris avec Ouazzani Carrier
Rebecca Topakian, présences fantomatiques en infrarouge