Si vous n’avez jamais eu la chance d’aller à Macadam, club situé à Nantes. On peut vous dire une seule chose, c’est à la fois simple et imposant, plein d’humilité mais toujours généreux dans l’effort sur le dancefloor. Du jeu à la nantaise, quoi !
Longtemps resté dans les tiroirs du collectif Androgyne, qui s’occupe notamment de la direction artistique du lieu, le projet d’un label intra-muros arrive à point nommé pour les fêtes et pour les nombreux.euses danseur.euses, dont les souvenirs n’ont pu être immortalisés ailleurs que dans des images mentales parfois confuses et brumeuses, les photos et vidéos y étant strictement interdites.
Première sortie du label, « Brume sur le Zoo » se veut avant tout comme le prolongement de l’expérience et de l’énergie des soirées de Macadam, ainsi que de l’esprit qui anime le lieu depuis maintenant 2017.
« Quand les danseurs.euses quittent la fête à 7h du matin, il ne reste plus rien de la fête […] L’idée est d’avoir un objet qui reste dans le temps, qui essaye de retranscrire ce qu’on aime entendre à Macadam »
Mettant en avant les résident.e.s du collectif et produit lors de différentes résidences à Macadam. « Brume sur le Zoo », est une double référence à la brume des machines à fuméen qui enivre les danseur.euses, et à sa « faune » imprévisible, belle et décomplexée.
La pochette montrant une sorte de Minotaur perdu au milieu du labyrinthe de la fête porte le sceau du collectif et sa pluridisciplinarité. Ex Luisa à la photo et les vêtements de Baba Création, en guise de costume, comme prolongement des énergies du collectif et du lieu. On vous encourage vivement à jeter un oeil du coté du site d’Androgyne, qui repertorie tous les visuels des soirées, mais aussi les projets d’expositions photos autour de Macadam et nottament les excellents travaux photos de Ex Luisa. Mes que un club, quoi.
Côté musique, « les tracks ont des titres d’heure rendant hommage au déroulé de la journée de la Gloria », fête phare du lieu ayant lieu du dimanche matin au dimanche soir. De 7h33 à 22h22, c’est donc une aventure au cœur de la rave qui se dessine sans sourciller.
L’ouverture lumineuse de Combe, le groove mental et terriblement jouissif, ponctué de chuchotement post-Akira du track de GTI, les envolées de percussions surprenantes de Youl ou encore la sensation de tôle qui se froisse, face au vibration des sons du track de Mokhsa, résument à eux seule la pluralité de sentiments et d’émotions qui se dégagent des Gloria et du Macadam en général : du panache, des surprises, du mysticisme et un état d’esprit tourné avant tout vers la danse jusqu’au bout de la lie.
C’est l’insouciance et la mélancolie d’une chorégraphie de Jacques Demy, le « une-deux » Pedros-Loko face au PSG en 94, le monstre de Vingt milles lieues sous les mers qui guette d’un coin de l’œil. Bref, un pur produit Nantais comme on les aime.
Pour ses prochaines sorties, le label promet d’explorer de nombreux versants de la rave, que ce soit au travers des productions de ses résident.e.s, de collaborations avec des artistes qui auront marqué le lieu, mais également mettre en avant une frange plus expérimentale dans la lignée de leur soirée Die Fasti.
On aurait voulu vous évoquer la release party parisienne, prévue ce mercredi chez nos voisins du disquaire Ground Control (et bonjour au passage à son tenancier, dangereux ailier droit bien connu des terrains de foot underground de Montreuil), mais les récentes décisions gouvernementales en ont décidé autrement. On vous laisse cependant avec ces deux mixs de Combe et GTI, spécialement conçus pour votre radio préférée, histoire de prolonger la fête, fantasmer avec panache celles qui ne peuvent plus se tenir aussi, et se dire que tout ceci va revenir très bientôt.
Le canaris n’est pas encore mort, il dort.