L’écho de Bondy

Au terme de huit séances encadrées par Lucie Bortot et Simon Pochet, des élèves de seconde ont mis sur pied un parcours sonore dans les rues de Bondy

Photo & Vidéo : Julia Maura
Projet réalisé avec le soutien de la Sacem

Juchés sur le haut du pont des écoles, postés à l’entrée d’un commerce ou dans l’enceinte enclavée de leur lycée, les élèves de la seconde commerce du lycée Léo Lagrange de Bondy se sont attelés à recueillir et mettre en forme les sons de la ville.

Simon Pochet – concepteur et créateur de son, il expérimente aussi dans la phonographie et le field-recording – et Lucie Bortot – compositrice de musique acousmatique et artiste sonore, elle fait aussi partie du groupe Skin and Wire. Tous deux ont mis en place ce projet éducatif sous l’impulsion des professeurs Karin Gousset et Alejandro Barrera et du collectif MU. L’initiative vise à offrir à ces élèves l’opportunité de produire un parcours sonore édité sur SoundWays, de sa conception initiale à sa présentation publique.

A l’entame de la rentrée, le projet est présenté aux élèves par leur professeure de français, Karin Gousset. Une initiative accueillie dans un premier temps avec “un peu de méfiance comme tout ce qu’on leur propose”, avoue-t-elle. Un sentiment rapidement effacé après les premières séances : “Au départ j’étais assez sceptique. Je trouvais ça bizarre au début mais au fil des séances, j’ai beaucoup aimé. J’ai trouvé ça très original et ça m’a plu au bout du deuxième cours. Quand on est partis sur le terrain pour enregistrer les sons, faire du bruit sur une poubelle en acier…” confie Diadie, élève de la classe.

Les deux artistes associés ont décidé de donner aux élèves des outils techniques, mais aussi théoriques nécessaires à l’élaboration et la construction d’un parcours sonore. Munis de micros performants et de capteurs dissimulés ça et là, ils se mettent en route pour enregistrer une multitude de sons, des bruits divergents qu’ils accorderont lors de séances de post-production. Les prises de sons se font naturellement dans cet environnement qui les entoure au quotidien, dans ces espaces qu’ils traversent sans jamais y prêter une oreille particulière. Apprendre à capter les sons ambiants, à mettre en mots et en relief ces bruits de construction, le barouf des voitures d’ordinaire aliénant, ces avions trop nombreux auxquels on ne prête plus attention ou encore ces langues multiples qui se confondent et se perdent dans un brouhaha incessant.

Inspirés entres autres par les travaux de Pierre Schaeffer – ingénieur acoustique à la radio et initiateur de la musique dite concrète, ceux de Michel Chion – écrivain, réalisateur et compositeur lui aussi de musique concrète ou encore de Peter Szendy, philosophe et musicologue, les artistes associés ont concentré leur projet autour d’une écoute attentive et plus encore critique d’œuvres issues d’un répertoire élargi dans le registre de la musique acousmatique. L’écoute d’œuvres de François Bayle ou de Christian Zanési ont permis de dégager des principes de composition utiles à la relecture du territoire. “Comment faire des narrations sonores dans cet environnement ?”, avance Simon Pochet.

S’ils ont appris à apprivoiser une nouvelle forme d’écoute de la musique et de leur environnement, manipulé des objets sonore, les élèves sont parvenus au terme de l’année scolaire à réaliser une œuvre sonore complète, oscillant entre documentaire stricto sensu et création narrative, offrant ainsi une relecture artistique du territoire de Bondy.